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Notre histoire en bref

Érection du canton

Pour bien se situer au sujet des origines de St-Adrien, il faut remonter à une date aussi éloignée que 1802. Cette date marque l’érection officielle du canton d’lreland dont la proclamation officielle fut faite le 20 août 1802.

Cette division du territoire en cantons s’est faite à un moment où il n’y avait encore personne d’établi sur le territoire. Tout au plus y trouvait-on des tribus sauvages qui venaient y séjourner à certaines périodes de I’année.

Le chemin de Craig

Pour comprendre réellement les mouvements de la colonisation dans le canton d’Ireland, il nous faut prendre en considération les routes et les cours d’eau qui étaient essentiels au développement. Et pour nous, le chemin de Craig a vraiment été le point de départ du développement de la région.

Origine

Le chemin Craig fut inauguré en janvier 1811. "Craig’s road" devait son nom à Sir James Craig qui était gouverneur en chef et capitaine général de la colonie depuis un peu plus de 3 ans. L’idée d’un chemin reliant Québec aux Cantons de l’Est n’était pas nouvelle, car Joseph Frobisher, fondateur de la compagnie du Nord-ouest et chef des associés qui venait d’ouvrir le canton d’Ireland en avait fait déterminer le tracé quelques années plus tôt. C’est ce même Frobisher qui s’était vu concéder 11, 000 acres de terrain le 20 août 1902.

En 1805, un groupe de colons de la région de Richmond avait présenté une pétition au Parlement de Québec; ils demandaient des moyens de communication avec les autres parties de la province et la pétition fut acceptée le 6 septembre 1806. Le gouvernement d’alors n’avait pas l’argent nécessaire pour un tel projet et on offrit à des entrepreneurs des étendues de terrain le long du tracé de la route à la condition qu’ils y installent des colons le long de ladite route à raison d’un colon par mille de chemin. Cette offre n’étant pas considérée comme rentable, la route tant rêvée demeura à l’état de projet. C’est alors que commença le règne du gouverneur Craig. Avec son secrétaire Ryland et un dénommé Sewell, ils espéraient coloniser les Cantons de l’Est avec des protestants le plus tôt possible dans le but de les soustraire à la colonisation française et catholique.

Politique et commerce

En 1806, Craig commença donc les travaux pour ouvrir la route entre Québec et les Cantons de l’Est. Cependant, le gouverneur fut rapidement désappointé en voyant que ce chemin servirait davantage à promouvoir le commerce des colons établis dans les cantons plutôt qu’à favoriser l’établissement d’émigrants britanniques. Un peu plus tard, John Caldwell et d’autres personnages en vue de Montréal et de Québec, impressionnés par les avantages politiques et commerciaux que pourrait avoir une route vers les Cantons de l’Est, tracèrent à leurs frais une route qui partait de la Seigneurie de la rivière Chaudière pour se rendre au poste de colonisation le plus rapproché des cantons soit une distance d’environ 20 milles. Caldwell offrit de construire le chemin à condition que le gouvernement lui donne 400 acres de terre par mille de chemin terminé dans les cantons de Leeds, lnverness, Ireland, Chester, Tingwick et Shipton. Cette demande ne fut pas acceptée et le projet fut alors abandonné.

Construction militaire

En 1810, Craig fit une demande officielle au gouvernement pour lui laisser construire la route partant de Québec et se rendant jusqu’à la frontière américaine; la majorité française de la Chambre rejeta la requête de Craig; celui-ci décida de donner suite à son projet par ses propres moyens et de se servir d’un contingent militaire sous les ordres du Quartier-Maitre Général J. Kempt et du major Robinson. Le 2 août 1810, on pouvait lire dans la Gazette de Québec l’article suivant: "Lundi matin dernier, des éléments de différents régiments de la Garnison, environ 200 hommes, ont traversé la rivière pour commencer la construction d’une route allant de Saint-Gilles à Shipton sur la rivière Saint-François, en passant par les Cantons de Leeds, lnverness, Halifax, Chester et Tingwick. La route rejoindra à Shipton une autre route allant vers les États-Unis".

Quelques jours plus tard, Craig écrivait à son secrétaire Ryland: "Nous avons commencé la construction; en réalité, je crois que cette initiative sera de prime importance pour l’intérêt général de la colonie. Présentement, cette partie du pays est tellement privée de communications qu’on croirait qu’elle ne nous appartient pas! Nous avons besoin de communications non seulement pour nous ravitailler, mais aussi pour amener cette population à nos portes afin de montrer à ces colons qu’ils font partie de la colonie et qu’ils doivent faire leur part pour son développement."

La construction a débuté en août se poursuivit rondement et le 1er novembre la Gazette annonçait triomphalement: "Une route de 75 milles a été taillée à travers des forêts séculaires qui feront une route carrossable entre Ouébec et Shipton, dans le district de Trois-Rivières. Sa largeur moyenne est d’environ 15 pieds: elle est débarrassée de souches et de tout autre encombrement; elle est de plus ornementée de 120 ponts de différentes grandeurs dont 24 traversent des ruisseaux d’importance. Un de ces ponts que l’on a appelé le pont Craig a été bâti très solidement et traverse un embranchement de la rivière Bécancour. Ce large chemin vers les Cantons donne à Ouébec quelques espoirs d’indépendance en permettant l’approvisionnement pour une population toujours croissante. Réduits jusqu’à date à nous contenter des produits d’un voisinage malveillant, d’un fermage mal organisé, nous devions coûte que coûte dépendre de districts plus importants pour notre survivance. Le chemin Craig conduit vers des terres plus riches et chaque nouveau mille signifie de plus grandes opportunités! Plusieurs centaines de têtes ont déjà été acheminées jusqu’ici au grand désappointement des petits commerçants avides de bétail et de moutons, qui à certaines occasions nous ont presque réduits à la famine. Nous n’hésitons pas qualifier ces travaux des plus importants depuis que cette province est devenue anglaise."

La diligence

Le 31 décembre 1810 parut dans la Gazette de Québec l’avis suivant: "Un avis public est donné à l’effet qu’un service régulier de diligence de Ouébec à Boston, via le chemin Craig sera inauguré à compter du 14 janvier 1811,et continuera régulièrement (en hiver seulement). Les diligences quitteront Ouébec et Boston le lundi de chaque semaine, se rencontreront à Stanstead le mercredi, et arriveront à Boston et Ouébec le samedi de la même semaine... Les diligences suivront l’horaire suivant: lundi - Québec, Saint-Nicolas, Saint-Gilles, Leeds et s’arrêteront chez monsieur Brown, dans le canton d’lreland pour une halte d’une nuit. Mardi - Chester,Tingwick et Shipton,sur la rivière Saint-François pour une halte d’une nuit chez monsieur Tilton. Mercredi - Érompton, Orford, Ascot, Compton, Hatley, Barnston et Stanstead; on passe la nuit chez monsieur Salesbury... Puis le jeudi la diligence continuait pour arriver à Boston le samedi.

État de la route

Cette voie constituait un remarquable pas en avant pour les communications même si le chemin de Craig était beaucoup plus carrossable durant la saison froide. L’on peut imaginer la qualité de cette route qui suivait les terres hautes pour éviter les travaux de drainage et la construction d’un trop grand nombre de ponts. Les parties marécageuses du chemin avaient été recouvertes de billes de bois étendues côte à côte. De nombreuses plaintes furent enregistrées au sujet de cette route: en effet, dans son édition du 28 mars 1811, la Gazette rapportait la nouvelle suivante: ’’La diligence de Boston qui devait arriver samedi est arrivée mardi soir. Elle fut retardée par le mauvais état de la route causé par une arrivée soudaine et inusitée du printemps dans la région sud. Depuis Boston jusqu’à environ 70 milles de Ouébec, la neige avait fondu, le froid sort du sol, la rivière et les ruisseaux débordent, les terres basses sont inondées, et la route dans les régions boisées est encombrée d’arbres tombés." À tout cela s’ajoutaient des critiques au sujet du tracé même de la route: certains prétendaient qu’il aurait été préférable que cette route passe par Saint-Grégoire et Trois-Rivières. D’autre part, on se plaignait de l’absence d’hôtels et d’auberges sur une distance de 60 milles; et sur 27 de ces 60 milles, il ne s’y trouvait qu’une seule maison de colon.

Entretien et a mélioration

En 1814, le gouvernement alloua des contrats, bien insuffisants toutefois, pour la réparation et I’amélioration du chemin Craig. Les autorités ne démontraient que peu d’intérêt pour cette route, parfois par négligence, parfois par crainte aussi que ce chemin ne devienne pas une voie d’invasion pour nos voisins américains. En 1829, des rapports de commissaires témoignent du mauvais état des chemins: "De Saint-Nicolas au canton de Leeds, 28 milles, la route est bonne; de là à Ireland, elle est très mauvaise: les colons étant pauvres ils n’ont pas les moyens d’entretenir la route de façon à permettre le passage des voitures; dans cette section tous les ruisseaux sont traversés par des ponts. Nous croyons qu’une somme additionnelle de 300 livres serait nécessaire pour cette section.

De Ireland à Shipton, une distance de 30 milles,28 milles sont en très mauvaise condition. On y rencontre 2 rivières d’importance: la rivière Wolfe, à 7 milles d’Ireland; un pont au-dessus de celle-ci coûterait environ 75 livres. ll y a ensuite la rivière Nicolet: un pont enjambant cette rivière coûterait environ 200 livres. Je crois qu’une somme additionnelle de 1000 livres serait suffisante pour rendre cette route carrossable, ce qui permettrait à une population de 40,000 habitants
d’expédier leurs produits vers la ville de Ouébec."

En 1837, des octrois furent attribués et plus tard c’est à chaque municipalité que revint la charge d’entretenir ce chemin. L’on nommait alors des inspecteurs et c’étaient les colons établis qui devaient effectuer les réparations sur leur section de route.

La construction du chemin de Craig, même si elle avait pour but d’amener un flot d’immigrants, qui selon le gouverneur Craig feraient de bien meilleurs sujets que les Canadiens français, fut quand même une réalisation de grande importance en ce qui regarde la colonisation. La plupart des terres qui longeaient le chemin Craig avaient quant à elles été concédées à des officiers britanniques qui avaient dirigé les travaux de construction; mais ces officiers n’étaient pas des défricheurs et avaient pour la grande majorité revendue leur propriété ou l’avaient simplement abandonnée.

Aujourd’hui, quoique modifié, on peut parcourir le chemin de Craig sur une bonne partie de sa longueur grâce à une innombrable succession de rangs qui suivent à peu près le tracé original.

Les premiers habitants

ll y a plusieurs récits au sujet des pionniers du canton d’Ireland. À travers ces récits, nous avons essayé de dégager certains faits entourant la venue des premiers habitants et les conditions dans lesquelles ils ont vécu.

Dans une époque aussi lointaine que l’été 1804. le Capitaine Amos Hall, originaire de Hopkinton, N’H.et son compagnon Demon, partent de Compton pour une expédition de chasse et se rendent au Lac-à-la-Truite. Étant bien satisfaits de I’endroit, ils y séjournent plusieurs jours pour chasser et pêcher; ils y font une partie clairière et bâtissent un petit campement.

Avant de quitter le New Hampshire, M. Hallavait achète une minoterie et 1,000 acres de terrain à Shipton, mais il réalise que la terre n’est pas propice à la colonisation. En trouvant un terrain fertile à Maple Grove, il plante un piquet sur la colline, en haut de I’endroit où est présentement situé l’église, et un autre piquet sur le terrain plus bas, en déclarant: "Entre ces piquets, j’entends vivre et mourir".

Le printemps suivant, le Capitaine Hall accompagné de son fils Amos reviennent en suivant le tracé du chemin de Craig. lls doivent marcher environ cinquante milles dans la forêt vierge, fréquentée uniquement par des bêtes sauvages et des indiens.

Lors de ce voyage, ils apportent avec eux des graines de patates, et aussi un peu d’orge, du blé et du blé d’Inde. Cette fois, ils demeurent plusieurs semaines et prennent le temps d’agrandir leur clairière et d’ensemencer leur terre.Cependant, le Capitaine Amos n’était pas alors un cultivateur il ne possédait aucune tête de bétail.

Au cours de l’été, ils reviennent et constatent qu’un violent ouragan a passé dans la région et a déraciné un grand nombre d’arbres à environ trois milles de Maple Grove. Revenant une dernière fois à l’automne, ils font leur récolte et se bâtissent une petite cabane pour protéger leurs grains contre les bêtes sauvages.

Le Capitaine Hall et son fils continuent de venir ainsi jusqu’en 1807. Cette fois, accompagné de sa femme et de ses onze enfants, le Capitaine vient s’établir pour de bon dans la région. En arrivant, ils trouvent quelques familles établies.

Les nouveaux arrivants trouvent les eaux regorgeant de truites saumonées, les forêts pleines de bêtes, même de chevreuils rouges et de caribous.

En 1810,1e Chemin de Craig est ouvert de Saint-Gilles, Lotbinière jusqu’à Shipton. Plusieurs familles commencent à arriver et à s’établir: les Lord, les Thurber, Les Messervy, les Bills, les Porter et quelques autres.

Lorsque la guerre éclate en 1812, on demande à tous les nouveaux colons de jurer fidélité à la Couronne, ce qui fait que plusieurs des nouveaux arrivants retournent aux États-Unis et que seuls demeurent ceux qui étaient déjà bien installés.

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